La contemplation des ruines nourrit un imaginaire qui a profondément imprégné les arts, en évoquant tout à la fois la grandeur des anciennes civilisations et le passage inéluctable du temps. Pour certains, les paysages de ruines sont l’occasion d’une réflexion romantique où l’imagination se déploie vers la grandeur des temps révolus.
Au-delà d’une simple rêverie, les réminiscences, les survivances et les vestiges du passé constitueraient la marque même de notre modernité. Ainsi, dans la seconde moitié du xxe siècle s’impose une nouvelle conception du patrimoine – dont les enjeux restent extrêmement actuels – selon laquelle, sans freiner le cours de la création et de la vie, les projets doivent conserver les traces du passé, même lorsque celles-ci sont vécues comme des blessures.
Ce numéro aborde tour à tour les vestiges archéologiques, les cicatrices laissées par les guerres et l’imaginaire artistique des ruines en peinture, en littérature ou sur grand écran. Des enjeux de la préservation du patrimoine aux anticipations apocalyptiques, ces réflexions sous-tendent une approche psychologique et anthropologique de notre rapport à la mémoire et au temps, où mélancolie et création sont intimement liées.