Notre civilisation et notre technologie ont exacerbé le désir de tout voir, de tout entendre, de tout posséder : les caméras, les grandes oreilles, les petites boutiques du désir consumériste sont partout.
Or cette hystérie de la transparence, loin de laisser au désir le jeu des voiles et dévoilements qui toujours le suscite et le ressuscite, s’est brutalement retournée contre Éros lui-même. Quand tout est devenu visible, il n’y a plus rien à voir. Or il n’y a d’érotisme que dans l’image et dans le mystère intime de la représentation : en dehors de la fiction, il n’y a que de la pornographie.
Ce numéro de 303 veut revenir à cet espace chéri du monde intérieur dans lequel, depuis la nuit des temps, l’homme apprivoise le lourd mystère de l’origine du monde en l’habillant des fleurs légères de son art: peinture, littérature, musique, poésie…