La scène se déroule au cours d’une soirée ou d’un week-end chez des amis, lors d’une réunion quelconque – parents d’élèves, riverains, club sportif –, ou bien au guichet d’une administration. Une question vous est posée : « Quel est votre métier ? »
Il faut répondre. Mais quoi ?
« Je suis écrivain » paraît prétentieux. « Je suis auteur » est encore pire. « Je fais des livres » laisse planer le doute : on pourrait être imprimeur, éditeur, ou faire de la mise en page. « J’écris » est plus neutre mais très imprécis : les journalistes, comme les rédacteurs de prospectus publicitaires, écrivent. Il faut se lancer, expliquer vraiment, faire comprendre qu’il s’agit de littérature, que l’on écrit des poèmes, des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des essais ou des textes pour les enfants.
Un instant de flottement ; votre interlocuteur répondra qu’il n’a pas le temps de lire autant qu’il le voudrait, et il y a fort à parier que juste après, une autre question surviendra : « Et à part ça, vous faites quoi dans la vie ? »
Vivre pour écrire, écrire pour vivre, ou comment faire cohabiter littérature et quotidien… Avec réalisme, humour et un brin d’autodérision, une vingtaine d’auteurs de la région parlent de leur besoin d’écrire, des contraintes et des joies qu’il leur procure, des choix de vie qu’il entraîne.