Exaltant la couleur sur fond grave, prolongeant les rêveries de l’enfance jusqu’à l’âge adulte dans une expression sans équivalent ni descendance dans le cinéma français, le monde de Jacques Demy offre un dessein cohérent, unique et mémorable. Durant près de trente ans, ses audaces formelles ont rencontré ici et ailleurs des succès éclatants et jamais démentis puis, au fil de l’évolution de l’œuvre, l’indifférence voire l’incompréhension. Il nous a quitté le 27 octobre 1990, et ces pages n’ont d’autre ambition que de dire, depuis le paysage atone qui nous entoure, la vitalité et l’exception de son legs, le sentiment pour nous qui revoyons les films d’y retrouver une énergie primitive intacte et le cercle magique d’une utopie. Le monde de Demy est ainsi fait de contrastes et d’oppositions, il est quotidien et exceptionnel, décalé et bien réel, feu de joie et mélancolie. Mais surtout il demeure trop pur, et pour cette raison trop précieux, pour être déjà passé.
Télécharger le sommaire en PDF