La richesse du patrimoine du XXe siècle nuit tant à sa reconnaissance qu’à sa sauvegarde: la question du tri se pose alors, des commissions s’y penchent et labellisent. Si le sacre du classement au titre des monuments historiques est réservé aux plus illustres, pour les autres bâtiments le salut passe par la reconversion: sans elle, les marques les plus intéressantes de l’histoire de l’architecture contemporaine risquent l’abandon et la ruine. C’est le cas de nombre d’ouvrages industriels que le désamour économique laisse squelettiques, fantômes d’une puissance passée. C’est aussi la destinée de témoignages urbains dont la valeur foncière fait pencher la balance du côté de la promotion immobilière et du profit. C’est enfin le sort d’innombrables bâtiments que la culture architecturale n’a pas intégrés, faute de lucidité, de temps ou de recul, et que l’on transforme ou détruit sans état d’âme. 303 et les CAUE des Pays de la Loire, partenaires de cette édition, proposent ici une réflexion sur la nécessité des reconversions. La diversité des auteurs sollicités permet de considérer toutes les échelles, sachant qu’à l’évidence le changement d’usage nécessite une maîtrise d’ouvrage volontaire, qui seule peut assurer une certaine continuité de la ville et de son harmonie.