Dès 1781, Louis Sébastien Mercier écrivait dans son Tableau de Paris : « À quatre heures du matin, il n’y a que le brigand et le poète qui veillent. » La formule cristallise à merveille l’ambivalence de la nuit, poétique et dangereuse, inquiétante et protectrice.
La nuit efface les repères et transfigure le décor du quotidien ; parce qu’elle nous autorise à nous camoufler, elle est aussi une promesse de liberté.
Ce numéro invite à explorer l’imaginaire de la vie nocturne : le rythme décalé des travailleurs de la nuit, les circuits feutrés des activistes qui profitent de l’obscurité pour agir, les créatures inattendues, poétiques ou inquiétantes, lucioles ou bêtes sauvages, que les randonneurs croisent sous le ciel étoilé… Mais la nuit reste surtout le temps des songes, qu’ils soient peuplés de fantômes ou de douces rêveries : fermez les yeux, et laissez-vous dériver…