« En l’espace de vingt autoportraits, Dominique Bulteau se met en scène avec des accessoires propres au monde du vélo : ici un casque profilé, telle une extension de boîte crânienne, là un boyau qui semble sortir de son corps, et devient très vite un élément constricteur, à l’étreinte mortelle, sur un corps en lutte, maltraité, retourné, vidé peu à peu de sa substance vive. D’autres détails parachèvent l’équipement : gants aux doigts coupés, cuissard, chaussures à fixation, maillot de champion du monde délicatement rehaussé d’aquarelle arc-en-ciel – des objets affectifs et familiers, pour cet artiste dont l’enfance a baigné dans la culture Tour de France, et qui s’est toujours déplacé à vélo par désamour de la voiture. Mais que raconte ce corps de cycliste empêché, qui se bat avec son casque, cette lanière qui l’entrave, cette chambre à air qui l’étouffe ? » Éva Prouteau