Deux fois reine, Aliénor a goûté au pouvoir suprême. Non pas de façon officelle, mais informelle. De son temps, si l’épouse ne prend pas publiquement les décisions, elle peut orienter la politique de son mari grâce à son ascendant sur lui. Aliénor exerce une influence certaine sur Louis VII jusqu’à ce qu’éclate, en Terre Sainte, une forte divergence sur l’orientation à donner à la croisade. Elle prend alors contre lui le parti de son oncle, Raymond, prince d’Antioche, mais elle est aussi l’héritière du vaste duché d’Aquitaine s’étendant des Pyrénées à la Loire. En théorie, elle le gouverne à sa guise, même si le caractère autoritaire de son second mari, Henri II d’Angleterre, l’en a souvent empêché. Pour le contraindre à céder, elle fomente, en 1173, la vaste révolte de ses enfants contre lui. Son échec lui vaut sa résidence surveillée jusqu’à son veuvage. Son mari envisage même de la répudier. Elle se retire alors à Fontevraud, où sa tante Mathilde d’Anjou a été abbesse.
L’AUTEUR
Historien médieviste, ancien élève de Georges Duby, Martin Aurell est notamment l’auteur de L’Empire des Plantagenêts (1154-1224) et de La légende du roi Arthur (éditions Perrin). Son dernier ouvrage s’intitule Des Chrétiens contre les croisades (XIIe-XIIIe siècles), chez Fayard (2013. Il est professeur d’histoire du Moyen Âge à l’Université de Poitiers et membre de l’Institut Universitaire de France. Il conduit une analyse approfondie du discours et de la propagande politique sous l’empire Plantagenêt. Autour d’Henri II, roi d’Angleterre, d’Aliénor d’Aquitaine et de leurs enfants, de nombreux écrivains proposent une image favorable de la royauté. Martin Aurell montre dans son travail, que les écrits de ces lettrés contribuent à élargir la domination des Plantagenêts.
